Nous sommes nombreux à être convaincus. À vouloir faire mieux.
Mieux consommer, mieux produire, mieux vivre.
Et pourtant, dans la réalité, ça bloque.
Entre la volonté individuelle et le passage à l’acte, il y a un monde : le Say-Do Gap.
Ce fossé bien documenté entre ce qu’on dit vouloir faire (moins gaspiller, manger local, économiser l’eau…) et ce que l’on fait réellement.
Mais ce fossé n’est pas une faiblesse morale. Ce n’est pas un problème d’engagement personnel.
C’est un problème de design stratégique. c’est-à-dire de la manière dont nos environnements, nos produits, nos services, nos incitations et nos modèles économiques sont pensés.
Le design stratégique ne parle pas d’esthétique mais de la capacité à concevoir des solutions systémiques, désirables et efficaces, qui facilitent le passage à l’action et alignent comportements, contraintes réelles et impact souhaité.
Changer un comportement, ce n’est pas convaincre… c’est transformer un contexte
Depuis trop longtemps, on parle de la transition en la réduisant à un appel à la raison.
Comme si, pour basculer, il suffisait de “vouloir bien faire”.
Or notre cerveau, notre quotidien, nos organisations ne fonctionnent pas comme ça.
Un comportement, c’est le résultat de trois choses :
- Une motivation (l’intention),
- Une capacité (la possibilité concrète de le faire),
- Une opportunité (un contexte favorable qui l’invite ou le facilite).
Ce que les entreprises appellent souvent “résistance au changement” est bien souvent… un manque de design stratégique environnemental ou collectif.
Exemple : pourquoi on continue à gaspiller l’eau à la maison ?
Des produits existent. Des campagnes de sensibilisation aussi.
Mais tant que les membres d’un foyer ne peuvent pas en parler ensemble, s’accorder sur des gestes simples, ou visualiser leurs usages, rien ne bouge.
C’est en créant les conditions d’une conversation intra-familiale ou intra-communauté, d’un auto-diagnostic partagé, que les comportements changent.
Le levier n’est ni la culpabilisation, ni l’incitation financière.
Le levier, c’est l’appropriation.
Autre exemple : comment une cantine scolaire réduit le gaspillage alimentaire
Des enfants qui pèsent les restes, discutent des recettes avec les cuisinières, testent différentes portions…
Ce ne sont pas des “usagers”, ce sont des co-concepteurs du système.
Et ça change tout.
En les rendant acteurs, on passe du comportement imposé à la pratique collective intégrée.
En intégrant les cuisines, les familles, la direction de l’école, on sort des silos et on crée de l’adhésion transversale.
Et en entreprise, qu’est-ce que ça change ?
Beaucoup.
Plutôt que de chercher à “faire changer les collaborateurs”, mieux vaut poser une autre question :
Qu’est-ce qui, dans notre culture, nos outils, nos processus, empêche ou freine le comportement souhaité ?
Le rôle du design comportemental est alors d’activer les bons ressorts :
- Créer des boucles d’expérimentation,
- S’appuyer sur la dynamique pair-à-pair,
- Célébrer l’exemplarité plutôt que sanctionner l’écart,
- Faire émerger des récits engageants plutôt que des injonctions morales.
Vers des comportements régénératifs comme nouveaux marqueurs sociaux ?
Et si demain, la réduction du gaspillage, la mobilité douce ou la sobriété numérique devenaient des signes de reconnaissance ?
Des indicateurs de leadership, de confiance, de statut ?
Ce n’est pas si utopique. C’est déjà en train de se jouer dans certains écosystèmes.
Le comportement régénératif peut devenir une valeur stratégique, un facteur d’attractivité RH, un différenciateur sur le marché.
Mais cela suppose de sortir d’une logique descendante et d’embrasser pleinement la co-construction.
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